Aujourd'hui, en 2016, alors que je fais des recherches sur un petit synthétiseur en panne retrouvé dans un placard (un MM 200 de Berchet Electronics), je tombe sur une page du Forum de l'association Silicium qui oeuvre dans le domaine de la sauvegarde du patrimoine numérique. Quand on sait à quel point la France est en retard sur ce domaine (la faute aux décideurs politiques qui n'y comprennent toujours rien et-ce depuis des décennies) on ne peut que saluer le travail de cette organisation! Tout de suite je me dis que c'est bon signe de tomber sur un tel site spécialisé et que je vais certainement y trouver mon bonheur, alors je clique sur le lien et entreprend la lecture.

Analyse post-mortem d'une discussion de forum, 12 ans après

Le nombre de résultats de recherche étant très faible pour ce petit synthétiseur je lis donc avec attention le sujet de forum qui m'est proposé et qui date de 2004. La discussion y est technique, mais fluide; les échanges entre les spécialistes, enrichissants. J'y apprend notamment que mon petit synthétiseur était utilisé avec les ordinateurs Thomson MO5 et MO6 ce qui est toujours bon à savoir pour en déduire son fonctionnement. Je passe à la seconde page de ce sujet et tombe sur la première partie d'une anecdote historique relativement longue (quelques paragraphes, 3 minutes de lecture tout au plus) posté par un des participants à la discussion (appelons-le S). Cette anecdote, visiblement recopiée depuis un article de presse de l'époque, détaille la visite d'une entreprise de duplication de disquettes dans les années 1980, ce qui est représente un témoignage précieux tant il est vrai que nous avons peu d'informations sur les machines industrielles, aujourd'hui sans doutes toutes détruites, qui ont tant oeuvré dans l'ombre pour abrever le marché Français de biens culturels vidéo-ludiques durant toutes ces années. Je continue de faire défiler la molette de ma souris et tombe sur la réponse d'un autre membre (appelons-le D):

Au lieu de s'attarder sur le fond du post précédent qui, bien que posté en 2004, revêtait déjà d'une certaine importance historique, celui-ci s'attache sur la forme en indiquant que le post était trop long. En regardant l'échange on s'aperçoit que D a indiqué au préalable à S que toute réponse dans ce sujet ne devait excéder 12 lignes, ce que S n'a pas respecté en postant sa brève de presse. Chacun a son avis sur cette règle, mais il faut garder à l'esprit que certains forums disposent en effet d'une étiquette plus ou moins stricte encadrant les échanges textuels entre utilisateurs. Cela n'est pas le cas à ce niveau pour ce forum si j'en crois ses règles donc D a dû certainement prétexter cette limite pour son propre confort visuel ce qui témoignerai d'un certain égoïsme. Je continue de scroller pour arriver au post suivant qui provient d'un troisième participant (appelons-le F), visiblement administrateur du forum:

Pour les non initiés aux forums sachez qu'il existe sur ces sites des statuts supérieurs tels que modérateurs ou administrateurs qui sont attribuées à des utilisateurs engagés et/ou méritant et qui impliquent une certaine maturité d'esprit ainsi qu'une aptitude à calmer les esprits dans le cas d'échanges houleux. Pour les habituées des forums vous savez que ce n'est malheureusement pas toujours le cas et que certains administrateurs se servent des pouvoirs qui leur sont conférés tels de petits despotes locaux. Il semblerait que F appartienne à la seconde catégorie tant il enfonce S qui, pour rappel, n'a eu d'autres tord que de poster une anecdote intéressante un peu longue aux yeux de D.

Concernant mon problème cette bataille d'egos datant du début de ce siècle ne m'importe guère, et j'ai d'autres chats à fouetter que de m'y attarder et a fortiori d'écrire dessus! Cependant, ma curiosité étant piquée après avoir lu la première partie de l'anecdote, il me tardait de lire la seconde partie! C'est alors que S, en réponse aux deux autres, posta le message suivant:

On l'y voit, se pliant aux règles arbitraires de D et sous la complaisante autorité de F, poster un lien vers la suite de son anecdote et non l'anecdote en elle-même. Et bien sachez que l'histoire s'arrête là, car le lien a aujourd'hui à 12 ans et pointe sur une autre page car l'hébergeur d'origine n'existe plus et aucune archive exploitable n'est présente sur des sites comme l'excellent Web Archive. Si S. avait désobéi ou, mieux, si D. et F. avaient été plus tolérants en laissant la seconde partie de cette anecdote historique postée telle quelle sur le forum alors elle serait encore accessible aujourd'hui, pour les curieux comme moi mais aussi pour les journalistes, écraivain•e•s et historien•e•s qui travaillent et écrivent dans ce domaine.

Pour résumer une petite partie du mur de l'Histoire s'est effritée en poussière et a disparue dans un coup de vent sous l'action de quelques individus égocentrés pour lequel seul confort personnel et pouvoir d'apparat ne fait sens. Toute ressemblance avec des faits réels et récents ne serait que pure et fortuite coïncidence..

Je vous invite donc chers lectrices et lecteurs à faire preuve de plus d'intelligence que ce genre de personnes lors de votre apport au web ou à la société en général, et à désobéir à leur règles et leurs bonnes moeurs lorsque qu'en remettant les choses en perspective, l'intérêt commun y gagne. Les historien•e•s du futur vous remercient.

PS: Forum étant un mot latin son pluriel s'écrit fora et non forums mais trouvant ça moche je me permet cette faute d'accord ;)

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